"5 ans déjà.... Nous aussi nous terminons notre premier quinquennat et, comme en politique, voici venu le moment des bilans. Cinq ans donc que le cinéma tente de traîner ses guêtres, de s'inviter et et de se faire une place au sein du lycée Jean de Prades. Et cette année, encore moins que les autres, il n'est pas exigeant : un bout de placard, quelques jours dans une semaine, la participation de quelques professeurs curieux (mais n'est-ce pas un pléonasme ?), il n'a pas besoin de plus. Sous ses allures plus chétives et sa programmation réduite – épidémie, comme on disait avant noblesse, oblige – il n'a pas baissé les bras. Il a même un peu grandi en esprit ; à 5 ans, un enfant dit-on sait prononcer la plupart des sons et peut formuler des phrases pour décrire les objets et les événements. Il connaît également les couleurs, les formes, les tailles et sens des mots « droite » et « gauche ». C'est déjà, je trouve, un beau programme et ambitieux, politique ou pas.

Cette année donc, place non au doute mais à l'affirmation, celle de sa liberté et de sa singularité face aux regards, face à la norme et face à tous les préjugés. Les héroïnes et héros de notre sélection sont d'une certaine manière ceux qui ont osé lever le masque et révéler leur véritable visage. Ceux qui ont pris aussi le risque d'entamer des métamorphoses violentes et faire l'expérience d'une altérité radicale. En cette période où le masque est devenu notre second visage et comme notre destin, ils viennent heureusement nous rappeler qu'il n'est d'autre destin que celui qu'on se modèle, et soi et avec les autres, et d'autre visage que celui qu'on accepte de perdre pour mieux se retrouver.

Ils nous attendent donc, la chair à nu et le cœur à vif, rayonnants et entiers bien plus que n'importe quel programme politique. Ce sont eux que nous devrions élire et dont il faudrait prolonger les échos cinq ans encore.

Alors bon festival et vivu la kinejo ! comme on dit en espéranto."